Chers amis et collaborateurs du Cerclecad,
Devise pour l’année 2016 : « Connais-toi, toi-même et prends conscience des profondeurs abyssales de la démiurgie de ton esprit immortel. »
Lien musical: ISHAKA PERFORMANCE (BURUNDI, DIASPORA D’OTTAWA) :
La prochaine conférence mensuelle de notre année scientifique 2015/2016 aura lieu le samedi 31 octobre 2015 comme d’habitude à 15H00, dans la salle du Sénat de l’Université d’Ottawa, au sous-sol du pavillon Tabaret (Salle 083), 75, Avenue Laurier Est ou 119, Rue Wallers ou 550, Rue Cumberland). Elle sera donnée par Monsieur Isaac NIZIGAMA sous le titre suivant : « Vers une réédition du drame ethnique au Burundi ? Réflexion sur la situation politique burundaise actuelle à partir du livre intitulé : Murundi qui es-tu ? Genèse et évolution de l’identité citoyenne déchirée au Burundi, des origines à nos jours, Éditions l’Harmattan, Paris, mars 2015. »
La Conférence sera modérée par le professeur Benoît AWAZI MBAMBI KUNGUA (Philosophe, Sociologue et Théologien, Président du CERCLECAD). L’argumentaire et la Notice autobiographique du Conférencier suivent ci-dessous.
Nous vendrons aussi les autres numéros de notre revue savante et pluridisciplinaire : « Afroscopie I/2014 » intitulée : « Leadership féminin et Action politique. Le cas des communautés africaines du Canada ». Le prix spécial de promotion est 35 dollars (frais de transport par avion inclus) ;d’Afroscopie I/2013 intitulé : « Le Bilan de 50 ans des indépendances africaines et les Défis de l’intégration des Africains au Canada » sera aussi vendu au prix de 35 dollars. Il contient une centaine de pages de recensions de principaux ouvrages en français sur les études postcoloniales. Il s’impose par l’ampleur, l’ambition et la densité des sujets qui y sont traités ; Afroscopie I/2011, Le Noir et le Savoir scientifique. De la Post-colonie à la Mondialisation, Cerclecad-L’Harmattan, Ottawa-Paris, 2011 (20 dollars), Les Diasporas africaines et noires face au développement. Enjeux, Défis et Perspectives d’avenir, Cerclecad-L’Harmattan, Ottawa-Paris, 2012 (20 dollars). Le dernier numéro d’Afroscopie sur les Intellectuels africains au Canada et l’ouvrage Déconstruction phénoménologique et théologique de la Modernité occidentale seront maintenant vendus à leurs prix normaux en librairie .
Un moment de convivialité et de réseautage autour de beignets, de brochettes, de liqueurs et du vin, clôturera dans la joie notre conférence. Quelques ouvrages des auteurs du Cerclecad (notamment : Benoît Awazi Mbambi Kungua, Panorama de la théologie négro-africaine contemporaine, L’Harmattan, Paris, 2002 ; Donation, Saturation et Compréhension. Phénoménologie de la donation et phénoménologie herméneutique : Une alternative, L’Harmattan, Paris, 2005 ; Le Dieu Crucifié en Afrique. Esquisse d’une Christologie négro-africaine de la libération holistique, L’Harmattan, Paris, 2008, Panorama des Théologies négro-africaines anglophones, L’Harmattan, Paris, 2008 ; De la Postcolonie à la Mondialisation néolibérale. Radioscopie éthique de la crise négro-africaine contemporaine, L’Harmattan, Paris, 2011 ;Déconstruction phénoménologique et théologique de la Modernité occidentale. Michel Henry, Hans Urs von Balthasar et Jean-Luc Marion, L’Harmattan, Paris, 2015 & Judith Houedjissin, Les Administrations publiques africaines. Sortir de l’inefficacité : le cas du Bénin, L’Harmattan, Paris, 2008) seront exposés pour la vente. Nous exhortons vivement les membres et tous les amis du Cerclecad (ceux qui vivent au Canada et ailleurs dans le monde), de bien vouloir se procurer ces articles qui nous permettent d’amortir quelque peu nos frais de fonctionnement et acquérir progressivement l’autonomie financière, gage de notre liberté de recherche et d’expression.
Au plaisir de vous revoir nombreux dans nos activités de réflexion en vue de la libération holistique des Africains partout dans le monde. Bonnes vacances estivales à tous et à nous revoir le samedi 26 septembre 2015, pour la conférence d’ouverture de l’année scientifique 2015/2016, si Dieu nous prête vie, évidemment !
Salutations présidentielles, phénoménologiques et prophétiques,
Votre serviteur Benoît AWAZI MBAMBI KUNGUA
Philosophe, Sociologue et Théologien
(1) Titre de la Conférence : « Vers une réédition du drame ethnique au Burundi ? Réflexion sur la situation politique burundaise actuelle à partir du livre intitulé : « Murundi qui es-tu ? Genèse et évolution de l’identité citoyenne déchirée au Burundi, des origines à nos jours », Éditions l’Harmattan, Paris, mars 2015.
(2) Sommaire de mon argumentation
Le Burundi, un petit pays d’Afrique centre-orientale, de 284 000 km² de superficie, nourrit actuellement l’actualité internationale quotidienne, notamment sur la question du 3ème mandat du Président Pierre Nkurunziza, qualifié d’anticonstitutionnel par l’opposition politique burundaise et par un grand nombre d’observateurs nationaux et internationaux. Après le succès de la campagne du «Balais citoyen » burkinabè qui chassa Blaise Compaoré du pouvoir, l’empêchant ainsi de briguer un autre mandat présidentiel en 2014, les Barundi devenus, depuis 2000, date de la signature del’Accord d’Arusha pour la paix et la réconciliation, des aspirants zélés à la démocratie et à ses bienfaits, crurent en vain pouvoir identiquement contraindre le Président Nkurunziza à renoncer à son 3ème mandat, par la dénonciation et les manifestations, par la recherche de soutiens diplomatiques africains et internationaux.
Leurs espoirs sont en passe d’être déçus. Le Président Pierre Nkurunziza, croyant évangélique organisant chaque année des croisades religieuses auxquelles tous les membres de son cabinet (croyants, chrétiens ou non) sont tenus de participer, a surpris plus d’un en passant en force pour conquérir son 3è mandant qu’il n’hésite pas à qualifier de 2ème mandat, niant ainsi avoir dirigé le Burundi pendant deux mandats successifs. Avec ses soutiens intérieurs, il réussit notamment à mettre en échec une tentative de coup d’État le 13 mai 2015 et à organiser en solo des élections qu’il remporta dans un contexte de confusion générale, où presque aucune puissance internationale ne reconnut la crédibilité des différents scrutins organisés en l’absence de l’opposition.
Après ce passage en force, la situation au Burundi devient de plus en plus inquiétante : près de 200 personnes y ont déjà perdu la vie, y compris des responsables politiques et militaires. Près de 200 000 citoyens durent se réfugier dans les pays voisins. Les politiciens de l’opposition ainsi qu’une partie des membres du parti de Pierre Nkurunziza et des forces de défense et de sécurité ont été contraints à s’exiler, craignant pour leur vie. L’heure semble à la course aux armements, les uns pour défendre le mandat qui semble de trop, les autres pour y mettre un terme, le plus rapidement possible.
Cependant, dans tout cet imbroglio avoisinant le chaos, l’évolution de l’identité citoyenne déchirée au Burundi que décrit, avec force détails, le livre Murundi, qui es-tu?, est confirmée par le caractère multiethnique des pro- et des anti-3ème mandat de Pierre Nkurunziza. Autour de Pierre Nkurunziza en effet, les tenants d’un troisième mandat sont des Bahutus, des Batutsis et des Batwas. Parmi les protestataires contre ce mandat, il y a des Bahutus, des Batutsis et des Batwas. Néanmoins, nonobstant cet état des lieux, force est de constater que depuis le début de cette crise du 3èmemandat de Pierre Nkurunziza (vers fin mars 2015), le discours ethniste est en train de faire sournoisement son retour comme rempart idéologique des uns comme des autres.
Les « pro » affirment vouloir défendre les Bahutus, en justifiant même certains actes répréhensibles par l’allusion à la gravité des méfaits des pouvoirs dictatoriaux anciens des Batutsis. Ils stigmatisent notamment, les quartiers contestataires de la mairie de Bujumbura, en les étiquetant de « quartiers tutsis ». Les « anti » quant à eux, se posent en victimes de ce mandat, notamment, par la crainte de perdre la mainmise sur une partie des rouages du pouvoir politique et économique en vertu des quotas ethniques imposés par l’Accord d’Arusha. Nous dirigeons-nous donc vers une réédition du drame ethnique au Burundi dont le livre ici présenté retrace l’historique depuis la monarchie séculaire des Baganwa ?
Telle est la question que nous voudrions développer au cours cette conférence. Notre hypothèse est simple. Si le risque d’une résurgence des « démons ethniques » dans le cadre de la crise du 3èmemandat est bien réel, étant donné le discours des défenseurs de ce mandat voulant se rallier la majorité des Bahutus (notamment en accusant le Rwanda de Paul Kagame de soutenir les contestataires pour aider à restaurer la suprématie tutsie au Burundi), un risque d’affrontement interethnique semble hautement improbable étant donné l’évolution du Murundi décrite dans le livre présenté. Si le 3ème mandat semble la consécration d’une conception démocratique régressive par rapport à l’évolution vers un anthropocentrisme démocratique, dépassant la rhétorique ethnique, il semble improbable que les Barundi, surtout les intellectuels imprégnés de l’idéal démocratique, puissent se résigner à le laisser continuer dans cette voie.
Beaucoup d’intellectuels et de démocrates Barundi qui appellent actuellement de tous leurs vœux l’instauration d’un cadre de dialogue inclusif pour retourner clairement aux principes de l’Accord d’Arusha, semblent avoir compris, de façon définitive, que « le nouveau Murundi doit se façonner dans le cadre d’un Burundi nouveau où les valeurs de justice pour tous, d’égalité, de dignité, de paix pour tous (pas seulement pour une partie de la population), de partage, d’équité, etc. ne sont plus seulement des slogans, mais sont promues par le pouvoir en place. »[1]
Un tel idéal serait difficilement servi par les institutions contestées du 3ème mandat dont la légitimité est gravement entamée par le caractère non crédible des dernières élections. Et le Burundi constituerait un mauvais modèle pour ses voisins immédiats alors que, dès 2005, il constituait un véritable laboratoire d’une démocratie de consensus qui devait évoluer peu à peu vers unedémocratie anthropocentrique.
Ainsi, les contextes historiques et démocratiques sont divers en Afrique, « le Burundi n’est pas le Burkina Faso », pour reprendre les propos du Général Prime Niyongabo, chef d’État-Major Général de l’armée burundaise, à la veille des manifestations contre le 3ème mandat, mais l’idéal démocratique semble curieusement être confronté aux mêmes obstacles liés notamment à une conception traditionnelle du pouvoir privilégiant le chef au lieu du droit et des institutions, et à l’existence de dirigeants au sommet des États qui n’hésitent pas à sacrifier l’idéal démocratique et les intérêts de leurs peuples sur l’autel de leurs intérêts individuels ou de leur groupe de soutien. Sous cet angle, le Burundi ne fait nullement pas figure d’exception en Afrique noire.
(3) Notice autobiographique du Dr. Isaac NIZIGAMA
Isaac NIZIGAMA, Ph.D. théorie sociologique des religions (Université de Montréal) et M.A. philosophie (Université de Sherbrooke), est un ancien grand séminariste qui abandonna la voie du sacerdoce au sein du catholicisme à deux ans de son ordination (Vatican, Italie). Devenu citoyen canadien dès 2004, ordonné pasteur protestant évangélique en janvier 2011, Isaac NIZIGAMA est actuellement professeur en sciences des religions et en philosophie dans des universités canadiennes. Il œuvre également dans le secteur privé comme chercheur indépendant et entrepreneur.
À titre d’écrivain, Isaac NIZIGAMA a produit plusieurs écrits (articles scientifiques et contributions à des ouvrages collectifs) surtout en sciences sociales des religions. Il s’est toutefois toujours intéressé à la recherche sociohistorique sur l’Afrique en général et sur la région des Grands Lacs africains en particulier, à laquelle il contribue souvent par des articles de presse et dans le cadre de laquelle le livre présenté ici se situe comme l’une de ses contributions majeures