De nouveaux affrontements ont opposé l’armée syrienne aux manifestants à Deraa le 26 avril 2011.
Avec l’escalade de la répression depuis vendredi, qui a fait des dizaines de morts, le spectre du massacre de Hama en février 1982 hante la Toile syrienne. Le président Assad père avait alors envoyé ses troupes à Hama écraser une révolte des Frères musulmans. Une répression qui avait fait entre 10 et 40 000 morts parmi la population sunnite de la ville.
Face à “la violence brutale” dont a fait montre le régime syrien, les Etats-Unis sont sortis lundi de leur réserve et ont dit réfléchir à plusieurs possibilités, “y compris des sanctions ciblées” à l’encontre des hauts responsables syriens. Ils ont été rejoints par d’autres appels au sein de la communauté internationale. Désormais, la question se pose ouvertement sur la Toile : la communauté internationale va-t-elle intervenir en Syrie ?
L’administration Obama envisage des sanctions contre la Syrie.
Dans un billet, le 23 avril, Leif Eriksson, auteur du blog Other Suns, estimait qu’une intervention de la communauté internationale en Syrie n’aurait lieu que si une ligne rouge était franchie, à l’instar de “l’usage d’armes lourdes -artillerie, tanks, avions et hélicoptères- contre les manifestants”. Dans un nouveau billet, celui-ci estime que “hier, le régime syrien a franchi cette ‘ligne rouge’” à Deraa. “Alors, les bombes de l’OTAN vont pleuvoir sur les tanks syriens prochainement ?, demande-t-il, alors que l’on se rapproche d’un scénario à la libyenne.
Et de répondre immédiatement : “Non, c’est hautement improbable ; et le régime de Bachar Al-Assad le sait et l’a pris en compte en projetant de déployer des tanks contre les places fortes rebelles”. Les pays de l’Alliance atlantique sont déjà engagés en Libye et n’auront pas le soutien de la Ligue arabe pour une intervention en Syrie, avance-t-il. Pour Leif Eriksson, la peur, notamment des Etats-Unis et d’Israël, des risques inhérents à la chute du régime de Bachar Al-Assad en terme de stabilité régionale et intérieure est un frein important.
Shelli Bee, du blog The Syrian truth, ajoute par ailleurs que “Washington sait qu’elle a une capacité limitée d’influence sur Damas, qui fait déjà l’objet d’une série de sanctions économiques américaines et est un proche de l’Iran, ennemi des Etats-Unis”. “Mais, si les gens continuent à manifester et si le régime continue à tirer, l’administration Obama pourrait être confronté au choix le plus difficile qu’il ait eu à faire au Moyen-Orient”, estime Walter Russell Mead sur son blog The American Interest, analysant tous les facteurs entrant en ligne de compte.
“Bien entendu, je ne soutiens pas, voulez-vous d’une nouvelle Libye ? Les forces de l’OTAN suggèrent désormais de rentrer sur les terres libyennes et cela signifie l’occupation”.
“Avant d’inciter à répondre oui, j’espère que vous prenez en considération l’intervention internationale qui a eu lieu en Irak ou actuellement en Libye. Nous n’en voulons pas et nous sommes maîtres de notre pays. Mais, si c’est pour imposer des sanctions sur le régime au pouvoir, ses associés et ses proches, geler leurs avoirs et les poursuivre, alors nous sommes pour une intervention”.
Pour le groupe Youth Syria for Freedom (en arabe ci-dessous), la distinction doit toutefois être faîte entre “ingérence politique et intervention militaire. Bien entendu, nous demandons une ingérence politique seulement (…) parce que le temps est venu au Conseil de sécurité de préparer la condamnation du régime de Bachar Al-Assad et d’imposer des sanctions sur les hommes du système. L’intervention militaire (…) nous ne l’accepterons pas, bien sûr, et nous la considérons comme une occupation supplémentaire à celle de la famille Assad. L’intervention occidentale pour isoler et paralyser le mouvement et empêcher nos hommes de se rendre… C’est une forme de pression qui est utile désormais”.“L’occupation est mieux que le vandalisme par les fils de notre pays (…). Je soutiens toute intervention pour renverser le régime”.
Et d’interpeller le président américain Barack Obama : “laissez-nous trouver notre propre chemin vers la liberté et empêchez vos vassaux à Riyad, Beyrouth et Tel Aviv de nous causer du tort. Restez à vos places et laissez-nous choisir pour la première fois depuis des décennies le type de gouvernement que nous, peuple syrien, voulons”. Car, nombreux sont ceux qui pensent, à l’instar d’Ayham qui lui répond, que “toute intervention ou sanctions étrangères ne feront que renforcer le régime, causer du tort à la majorité de la population et à l’infrastructure civique du pays”.
(Crédit photo : Nasser Daoud/AP)
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