Tuesday, April 26, 2011

The bad guy is busy killing protesters










 

La communauté internationale doit-elle intervenir en Syrie ?

Nader Daoud APL’entrée lundi 25 avril de chars et de quelque 3 000 soldats de l’armée syrienne à Deraa, qui a fait au moins 20 morts, a marqué un tournant dans la gestion du mouvement de contestation par le régime du président Bachar Al-Assad. Après les espoirs de réforme suscités par la levée de l’état d’urgence jeudi 22 avril, le président syrien aurait-il définitivement opté pour la “solution militaire” ? Pour Amina A., auteure du blog A Gay girl in Damascus et sympathisante du mouvement de contestation, “pendant des années, les Syriens se sont demandés si Bachar Al-Assad serait le ‘Gorbatchev syrien’, un réformateur (…) ou si il serait forcé à partir” ; après Deraa, “le choix est seulement de savoir si ce régime honni sera démis par une révolution ou si nous tombons dans une guerre civile”.

De nouveaux affrontements ont opposé l’armée syrienne aux manifestants à Deraa le 26 avril 2011.
Avec l’escalade de la répression depuis vendredi, qui a fait des dizaines de morts, le spectre du massacre de Hama en février 1982 hante la Toile syrienne. Le président Assad père avait alors envoyé ses troupes à Hama écraser une révolte des Frères musulmans. Une répression qui avait fait entre 10 et 40 000 morts parmi la population sunnite de la ville.
Face à “la violence brutale” dont a fait montre le régime syrien, les Etats-Unis sont sortis lundi de leur réserve et ont dit réfléchir à plusieurs possibilités, “y compris des sanctions ciblées” à l’encontre des hauts responsables syriens. Ils ont été rejoints par d’autres appels au sein de la communauté internationale. Désormais, la question se pose ouvertement sur la Toile : la communauté internationale va-t-elle intervenir en Syrie ?

L’administration Obama envisage des sanctions contre la Syrie.
Dans un billet, le 23 avril, Leif Eriksson, auteur du blog Other Suns, estimait qu’une intervention de la communauté internationale en Syrie n’aurait lieu que si une ligne rouge était franchie, à l’instar de “l’usage d’armes lourdes -artillerie, tanks, avions et hélicoptères- contre les manifestants”. Dans un nouveau billet, celui-ci estime que “hier, le régime syrien a franchi cette ‘ligne rouge’” à Deraa. “Alors, les bombes de l’OTAN vont pleuvoir sur les tanks syriens prochainement ?, demande-t-il, alors que l’on se rapproche d’un scénario à la libyenne.
Et de répondre immédiatement : “Non, c’est hautement improbable ; et le régime de Bachar Al-Assad le sait et l’a pris en compte en projetant de déployer des tanks contre les places fortes rebelles”. Les pays de l’Alliance atlantique sont déjà engagés en Libye et n’auront pas le soutien de la Ligue arabe pour une intervention en Syrie, avance-t-il. Pour Leif Eriksson, la peur, notamment des Etats-Unis et d’Israël, des risques inhérents à la chute du régime de Bachar Al-Assad en terme de stabilité régionale et intérieure est un frein important.
Shelli Bee, du blog The Syrian truth, ajoute par ailleurs que “Washington sait qu’elle a une capacité limitée d’influence sur Damas, qui fait déjà l’objet d’une série de sanctions économiques américaines et est un proche de l’Iran, ennemi des Etats-Unis”. “Mais, si les gens continuent à manifester et si le régime continue à tirer, l’administration Obama pourrait être confronté au choix le plus difficile qu’il ait eu à faire au Moyen-Orient”, estime Walter Russell Mead sur son blog The American Interest, analysant tous les facteurs entrant en ligne de compte.
Sondage
Pourtant, la Toile arabe anticipe et débat déjà de l’éventualité d’une intervention étrangère en Syrie. Les auteurs de la page Facebook du groupe Youth Syria for Freedom invitent leurs membres à aller voter ‘oui’ “pour influencer les choix de la communauté internationale” à un sondage lancé par Lefigaro.fr sur l’opportunité d’une telle intervention (en arabe ci-dessus). L’invitation du groupe donne aussitôt lieu à des réactions contrastées.
Ibraheem
Bien entendu, je ne soutiens pas, voulez-vous d’une nouvelle Libye ? Les forces de l’OTAN suggèrent désormais de rentrer sur les terres libyennes et cela signifie l’occupation”.
Osamah
“Avant d’inciter à répondre oui, j’espère que vous prenez en considération l’intervention internationale qui a eu lieu en Irak ou actuellement en Libye. Nous n’en voulons pas et nous sommes maîtres de notre pays. Mais, si c’est pour imposer des sanctions sur le régime au pouvoir, ses associés et ses proches, geler leurs avoirs et les poursuivre, alors nous sommes pour une intervention”.
Maher
“L’occupation est mieux que le vandalisme par les fils de notre pays (…). Je soutiens toute intervention pour renverser le régime”.
Pour le groupe Youth Syria for Freedom (en arabe ci-dessous), la distinction doit toutefois être faîte entre “ingérence politique et intervention militaire. Bien entendu, nous demandons une ingérence politique seulement (…) parce que le temps est venu au Conseil de sécurité de préparer la condamnation du régime de Bachar Al-Assad et d’imposer des sanctions sur les hommes du système. L’intervention militaire (…) nous ne l’accepterons pas, bien sûr, et nous la considérons comme une occupation supplémentaire à celle de la famille Assad. L’intervention occidentale pour isoler et paralyser le mouvement et empêcher nos hommes de se rendre… C’est une forme de pression qui est utile désormais”.
Deux types d'intervention étrangère - Syrian youth révolution
Catégorique, Amina A., auteure du blog A Gay girl in Damascus, refuse : “Je crois dans notre lutte pour la démocratie et, comme beaucoup d’autres en Syrie, je ne veux pas d’une ‘aide’ étrangère quand il est question d’amener la démocratie à notre chère Syrie. Nous ne cherchons pas ni ne voulons du type d’aide qui est offerte par l’Arabie saoudite, le Qatar, les Emirats arabes unis, les Etats-Unis ou la France : nous ne sommes pas aveugles et nous voyons très bien que cette ‘aide’ est seulement offerte quand cela est vu comme servant leurs intérêts”.
Et d’interpeller le président américain Barack Obama : “laissez-nous trouver notre propre chemin vers la liberté et empêchez vos vassaux à Riyad, Beyrouth et Tel Aviv de nous causer du tort. Restez à vos places et laissez-nous choisir pour la première fois depuis des décennies le type de gouvernement que nous, peuple syrien, voulons”. Car, nombreux sont ceux qui pensent, à l’instar d’Ayham qui lui répond, que “toute intervention ou sanctions étrangères ne feront que renforcer le régime, causer du tort à la majorité de la population et à l’infrastructure civique du pays”.
(Crédit photo : Nasser Daoud/AP)


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