RÉSISTANCE NON VIOLENTE OU TRIOMPHE DU NATIONALISME
Une contribution de la Société de Juristes Catholique du Congo à la recherche de la paix en RDC
par Thierry LAKUTU, Secrétaire Général
Depuis que souffle le vent de la démocratisation dans de nombreux pays africains, un eveil de conscience s’est developpé sous plusieurs formes dont le nationalisme. Proné par les leaders politiques des annees 60, ce courant a connu un grand eclypse parce que la population ne semblait pas y trouver son compte. C’est pourquoi ces dernieres années, confrontée à une crise multidimensionnelle, ceux qui sont exclus de la «mangeoire nationale» et cherchent à gagner honnêtement leur vie explorent d’autres voies et avenues pour sortir de l’impasse. En témoignent la situation politique du moment et ses multiples péripéties.
On note une effervescence pour les negociations, une prolifération de médiations et une avalanche d’accords nées à la suite de differents conflits les uns plus meurtriers que les autres. Bruits de bottes à l’Est du pays, défection au Kasai, insurrection au Katanga, massacre collectif au Bas-Congo, viols dans le Nord-Kivu, des verts et de pas murs…
Après chaque simulacre de paix, c’est la résurgence des guerres et des actes de barbaries dont l’énumération donne le vertige. Pour l’essentiel, les faits et les dates suivants nous reviennent par réminiscence.
En 1999, lors de l’agression de la RDC par le Rwanda et l’Ouganda à travers les Groupes rebelles interposés, Laurent-Désire Kabila fit appel à l’organisation internationale San Egidio pour assurer la mediation. Ces Negociations furent dénommées «Dialogue intercongolais». En juillet de la même année, un accord fut signé å Lusaka par les 6 pays en état de guerre, à savoir, la République démocratique du Congo, l’Angola, la Namibie, le Zimbabwe, le Rwanda et l’Ouganda. L’accord prévoyait un Gouvernement provisoire avant les élections prévues pour 2006.
En 2002, après l’assassinat crapuleux de Laurent-Désire Kabila, resté non élucidé jusqu’à ce jour, Joseph Kabila qui commençait petit à petit à être présenté comme le fils du père convoqua les factions en guerre a Sun City en Afrique du Sud autour d’une table.
Ces négociations, on s’en souvienda encore longtemps, accouchèrent d’un monste à quatre têtes. C’etait la formule jamais connue au monde de 1 Président+ 4 vices-présidents dont les anciens seigneurs de guerre. Le pays était confié entre les mains des criminels patentés. Les experts de la Communauté internationale ont proposé une posologie qu’ils ne peuvent jamais proposer chez eux. Les Congolais eux-mêmes
Bien qu’il y ait officiellement un cessez-le-feu depuis 2003, des combats larvaires ont continué sur le terrain. Toutes ces négociations tournent en dérision parce qu’elles sont ni plus ni moins un véritable marché des dupes, sans le moindre effort de bonne volonte et le souci du bien commun. Les négociateurs auraient pu s’inspirer de la sagesse du vieux au sage Confucius, pour qui « l’homme de bien se soucie de 9 choses : il s’applique à bien voir ce qu’il regarde, il a le souci de respirer la bienveillance dans son expression, la défense dans ses manières, l’honnêteté dans ses paroles, et le sérieux dans son travail; dans un acces de colère il pense aux conséquences, et dans la perspective d’un profit, il garde toujours le souci du Juste»[1].
Les différents protagonistes n’ont pas fait preuve de sagesse incarnée par cet homme de bien, soit par sadisme, soit par mauvaise foi. Ils n’ont pas pu mettre en œuvre les accords conclus de manière uniforme. D’où le cycle de guerres à répétition. Mais quelle que soit sa valeur, l’option militaire n’est qu’un acte de barbarie. Car les différentes agressions, les différentes rébellions, les différentes guérillas, les coups bas n’ont jamais profité à la population et n’ont eu pour résultat que le pillage et le bradage de ressources minières du pays,
A toutes les étapes de l’histoire, lorsqu’il y a des opérations dites de libération, c’est le petit peuple qui en paie le lourd tribut. L’expression entre le marteau et l’enclume vaut ici son pesant d’or. Le pouvoir est l’Enclume et les rebelles, le marteau. Celui qui manipule le marteau avec habileté, c’est la Communauté internationale dont le Rwanda et l’Ouganda qui portent le masque du M 23 en sont le talon d’Achille. Tous cherchent à laminser un peuple sans défense et sans voix : le peuple congolais. D’ailleurs même apparemment couronnées de succès, les lutes armées génèrent, à la longue, des conséquences néfastes pour le pays. Les nouveaux régimes qui en sont issus sont souvent plus dictatoriaux que lse précédents. Cette stupidité de la guerre n’est plus à démontrer en RDC. Une littérature abondante en exploite les contours apparents. Elle met en exergue un nouveau type d’acteurs politiques, parmi lesquels, les ploutocrates, les fossoyeurs, les pyromanes, les necromanes, anthropophages, les «sapeurs-pompiers» mais aussi les” Brutus” et les “Oedipe”[2].
Comme on le voit, toutes ces négociations ont ceci de dangereux : les acteurs politiques s’installent sans le savoir dans une attiude de soumission passive à côté d’une option fort séduisante: l’idee des solutions gagnant-gagnant dans lesquelles les Rebelles et les Gouvernants trouvent leurs comptes. Sauf le peuple. Ne nous berçons pas d’illusions puisque aucune perte humaine ne sera jamais réparée, aucune richesse ne sera jamais restituée, aucune blessure morale et psychologique ne sera jamais cicatrisée. Les victimes de viols n’auront jamais gain de cause. Leurs plaies ne seront jamais pansées. Elles resteront à jamais ouvertes.
Toute proportion gardée, le jugement suivant sur les negociation en RDC ne saurait paraître exagéré : une montagne qui n’accouche que d’une souris. Une perte de temps tant que les criminels sont reçus à la table des négociations. Sans confession. Tant que les criminels ne sont que le porte-parole du Rwanda. Steve Hege, l’a dit hier dans son témoignage devant le Comité des Affaires étrangères du Congrès américains : c’est le Rwanda qui a créé le M 23, qui le finance et qui instruit ses membres sur les demandes et les revendications «to be made before the Congolese government». Cela étant, négocier avec le M 23 n’est rien d’autre qu’un aveu d’échec.
Négocier, un aveu d’échec!
Les négociations, il est vrai, sont un outil très utile dans la résolution de certains types de conflits et ne doivent pas ètre négligées lorsqu’elles sont appropriées. Elles ne sont pas pour autant une panacée. En effet, lorsqu’elles affectent des piliers de la démocratie tels que les droits humains et les libertes individuelles; lorsqu’elles bloquent l’avancement des acquis du développement durable de toute la société, lorsqu’elles sont en violation des valeurs qui sous-tendent la Constitution comme le non recours à la violence, lorsqu’elles portent sur les revendications qui sont en flagrante contradiction avec la Loi fondamentale comme la cession à un groupe ethnique d’une partie du territoire, lorsqu’elles légitiment les crimes, les négociations doivent être abandonnées. Elles ne conduiront qu’à une paix apparente et passagère. Quatre criminels ont été appelés à la tête du Congo. La paix n’est jamais revenue au pays. Plusieurs accords ont précédé celui du 23 mars, la paix n’est jamais revenue à l’Est du Congo. Les criminels étrangers du CNDP ont été intégrés sans vetting dans l’armée nationale, dans la police nationale, dans les services secrets congolais. Mais la paix n’est jamais revenue. Bien au contraire : cela a contribué à l’affaiblissement délibéré du Congo.
Les negociations de Kampala ont été convoquées parce que l’armée congolaise étaient incapable de défendre le Congo. Le gouvernement accepte de négocier parce que les rebelles sont en position de force. Comme le pouvoir se sent ménace, il cherche des subterfuges pour sauver le minimum de son imperium. L’opulance, le prestige, les richesses, les jouissances charnelles, l’exploitation illicite des matières premieres, les contrats léonins… font partie de ce que les dirigeants congolais ne veulent pas perdre.
Ce rapport de force pousse les uns et les autres à accepter de renconcer aux valeurs pour parvenir à un compromis, à un accord, à un partage des postes. La prise de Goma a montré la superchérie des dirigeants congolais qui sont des sapeurs-pompiers. Les officiers des forces armées congolaises disent avoir reçu l’ordre de ne pas combattre lorsqu’ils avaient eu le dessus sur les ennemis. Ce n’est pas la pemière fois que cela se produit. Rappelez-vous de Pweto. De Mutshatsha I. De Mutshatsha II. De Rumangabo.
Quand les éléments de l’armée nationale au front reçoivent des contre-ordres, jettent les armes, embrassent les rebelles, lorsque le Chef d’Etat major général vend armes et munitions, quand les presumés rebelles entrent et sortent sous les chaudes acclamation de la population pourtant trainée dans l’opprobre, quand le général Gabriel Amisi ou Bisengimana sont présentés par les experts des Nations Unies comme des membres de la 5èmeColonne, quand chaque officier congolais est affublé d’un adjoint étranger (qui est l’adjoint de Raus, de Numbi ?, etc ?), les Dirigeants congolais devaient non seulement arrêter les operations de guerre, mais se retirer du pouvoir et presenter des excuses au peuple dont ils ont excroqué la souverainete par les élections truquées.
Eu égard a ces fiascos répetés, on peut affirmer sans peur d’être contredit qu’en RDC, les négociations ne sont pas la seule alternative pour le sortie de crise. D’ailleurs, elles fournissent aux institutions la légitimité qui lui est refusée du fait des élections truquées et aux rebelles un certificat de reconnaissance de violation des droits humains, de viol des mineurs, de l’enrôlement des enfants soldats et de l’enrichissement illicite. Il faut sortir des sentiers battus et tenter une nouvelle approche plus participatve: demander aux dirigeants actuels de rendre le tablier. Pour les y forcer, nous proposons La resistance populaire et non violente.
La résistance populaire et nonviolente, une nouvelle forme de nationalisme
La quête du pouvoir en RDC plus qu’ailleurs se présente comme un conflit interne entre la passion, le désir, le sentiment et la raison. Le triomphe de l’un étouffe l’autre. Quand les appétits du pouvoir galoppent, ils écoutent rarement la voix de la raison. Dès lors, tous les moyens sont bons pour conserver le pouvoir le plus longtemps possible. La résistance non violente se conçoit ici comme une sagesse de vie, une exigence d’ethique fondamentale, une philosophie personnelle et politique. C’est une attitude de refus de la violence qui vient donner sens, signification et direction à la vie de chacun et à l'histoire collective des hommes. Elle devient une conscience collective, et donc un nationalisme humaniste, car c’est une façon de résoudre humainement les conflits en refusant ce qui viole le juste.
En prônant le recours à cette voie, notre intention est d’inciter l’opinion nationale à considérer, au-dela de negociations que nous rejetons comme nous le suggèrent les Évques du Congo depuis juillet dernier, les avenues qui peuvent être explorées pour reconstruire l’economie, bâtir de nouvelles relations politiques, éradiquer toutes formes d’injustice et d’agression que nous avions avalisées par le passé par notre passivité. L’émergence d’un État de droit en RDC est à ce prix. Négocier avec les criminels n’est pas évangélique. Tendre la joue droite aux éléments du M 23 n’est pas évangélique. Les criminels ont un seul prétoire : les tribunaux où ils iront s’expliquer.
Seuls les tribunaux permettront au peuple de connaître leurs complices qui sont tapies dans les institutions nationales : le Gouvernement, le Parlement, le Sénat et même au Sommet de l’État.
Pourquoi le recours a une telle méthode? Une eminente personalité imbue d’esprit de paix répond en ces termes: “ Resister, c’est le début de la victoire, a déclare Adolf Peres Esquival. C’est effectivement le début d’une grande transition à l’aube du 21eme siècle, de sujets soumis à citoyens, de spectateurs impassibles à acteurs”[3].
Selon ce contexte, résister est donc le passage de l’être-là-au-monde à l’être-pour le monde-pensant et agissant. C’est l’Ego cogitans qui surgit.
Il agit pour savoir; il sait pour parler; il parle pour agir; il agit pour denoncer; il dénonce pour transformer… Si la rethorique vous seduit, vous pouver continuer l’allegorie. Désormais, il nous faut mener une guerre pacifique qui fait appel a l’intelligence et au réalisme. Les raisons sont simples.“ Le prince qui a l’ensemble de sa population comme ennemi ne sera jamais en sécurite.”[4]
La résistance non violente ne date pas de nos jours. Longtemps avant Jésus-Christ, la Plèbe refusa de coopérer avec les Maîtres praticiens romains(5). A travers l’histoire de la liberation, on note par-ci par-la la defiance politique comme forme de combat qui stigmatise la volonte participative du peuple a imposer des limites a une puissance gouvernementale qui depasse les bornes de la tolerance. On la retrouve comme philosophie personnelle et comme mode de défense des interêts du peuple chez certaines figures de proue comme Ghandi, Martin Luther King,dans les luttes contre le colonialisme, contre la ségrégation raciale, contre la déshumanisation de l’humanité. En Reépublique démocratique du Congo, nous citerons volontiers sous le mème registe, la Révolte de Bapende et de Batetela, les événements du 4 janvier 1959, la rébellion muleliste au Kwilu, la marche des Chrétiens, les différentes grèves des étudiants et des fonctionnaires, l’opération «tremblement de terre» projetée jadis par le Parti Lumumbiste Unifie d’Antoine Gizenga et même les mouvements sporadiques de la Diaspora.
Tout le monde commence à se rendre compte, ainsi le pensait le Programme du Conseil National de Libération que ”La solution à la crise congolaise a son fondement dans la masse populaire et exclut tout recours a un simple changement d’homme par une mascarade électorale ou à la suite d’un coup d’état militaire. La solution du problème implique un changement complet et radical des forms d’organisation et des options politiques»[5]
Malheureusement pour notre pays, ces mouvements se sont presque déclenchés de manière spontanée sans qu’il ait en amont une réelle planification souvent lorsqu’une corporation s’estime lésée dans ses droits.
L’une de principales causes est la situation salariale. Cependant, la population a vite été atomisee, c’est-a-dire transformée en une masse d’individus incapables de travailler ensemble pour déveloper des stratégies pour un résultat donné. Le pouvoir fait de tout son mieux pour l’affaiblir, la museler, l’acheter et même l’écraser.
Désormais, elle a peur de crier sa colère face aux abus d’autorité. .C’est la mort certaine de Droits de l’homme.
La résistence populaire non violente qui est une nouvelle forme de combat, exige le déploiement de la rationalite comme pensée non delirante afin d’inventer les schèmes explicatifs de notre appareil cognitif, applicables à la fois par les symboles et par le langage et développement du nationalisme comme soubassement de toutes ses actions. Il faut donc y aller avec méthode.
Méthodes et stratégies de la résistance populaire et non violente.
La résistance populaire et non violente est très complexe. Elle inclut des armes de nature psychologique, sociale, economique et politique qui sont maniées par la population et les Institutions sociales. Les moyens de la non violence doivent être cohérents avec les objectifs poursuivis : la lute contre l'oppression sur l’ensemble de tout son territoire pour une plus grande justice et pour l'égalité des chances, respect des droits de l'homme et affirmation des devoirs du citoyen, recherche de la démocratie, action pour la paix, respect des équilibres naturels et de la biodiversité par un développement durable etc..
Au plan de l'action, la résistance non violence est un moyen au service d'une fin, sa philosophie se traduit par une action concrète contre l'oppression, l'injustice ou l'absurdité des conditions de vie. Elle implique une attention particulière à la dimension politique des événements, exige une information permanente, objective, une analyse politique et socio-économique rigoureuse, un programme constructif, l'élaboration et la mise en oeuvre d'une stratégie.
Elle est d'abord une éthique du respect. C’est à la fois un mode de vie respectueux de l'homme et de la nature, une praxis, une manière d'être et une manière de faire.
Les ONG, les Associations de défense des droits humains, les Syndicats et les Eglises sont les acteurs previlégiés de la mise en pratique de cet arsenal de stratégies. Cette guerre pacifique peut prendre la forme de protestation, de grèves, de boycott, de marches, de non coopération, de désaffection, etc. Les médias sociaux (l’inernet, le Facebook, les SMS, le Twitter ne seront pas en reste. C’est à proprement parler une défiance politique, la désobeissance civile. Un ordre social injuste ne mérite point d’être obéi. Il mérite pltôt d’être renversé par le droit et ses mécanismes de résistance politiques. Ces différentes armes pacifiques exigent de la discipline et sont soutenues par plusieurs méthodes aux procedes classiques.
Près de 200 méthodes[6] ont été recensées et feront l’objet d’une vulgarisation au moment opportun par une equipe des techniciens. Elles sont l’oeuvre d’esprit et impliquent une preparations en amont des acteurs et une planification soigneuse.Il s’agira donc de faire comprendre a la population ce qui lui est demande en y mettant toutes ses capacities intellectuelles car se servant d’un langage symbolique, des faits et des gestes que seuls ne pourront comprendre que les inities.
Le principe essentiel de la stratégie de la resistance populaire et nonviolente est la non-coopération ou la non-collaboration. Ses formes[7] les plus courantes sont:
1. des moyens de persuasion : démarches, demandes, lettres ouvertes, appel à l'opinion publique, pétitions...
2. des moyens de pression : marches, jeûns, manifestations, campagnes de lettres, renvoi de
décorations, enchaînements, sit-in, usurpation civile...
3. des moyens de contrainte : grèves, grèves de la faim, boycott, désobéissance civile...
La greve, par exemple comme cessation collective et concertée du travail a pour but d’ obliger l'employeur à satisfaire une revendication. En RDCongo, plus qu’ailleurs, les greves sont monnaie courante au point qu’un jour lorsque Leon Kengo Wa Dondo alors Premier Ministre ou Premier Commissaire d’etat, ce selon, etait alle voir le Puissant Marechal Mobutu pour interceder en faveur des Fonctionnaires en greve, celui-ci lui repondit sechement.” Les Fonctions du Zaire ont toujours ete en Greve. De fait, pendant des décennies la greve etait devenue chronique dans ce pays assi sur des mines d’or comme un moyen nécessaire au service des catégories socio-professionnelles. Mais elles n’avaient presque jamais eu gain de cause. Certaines perversions et certains interets egoistes ayant malmené leurs légitimités.
Faisons le point sur tout ce qui vient d’etre dit.
Que conclure ?
Pour clore, nous avions voulu, dans cette petite réflexion montrer que l’option de la querre est une exhibition de la barbarie, que les négociation ne sont pas un panacée pour la sortie de la crise, que les négociations de Kampala sont une perte de temps. Parce qu’elles légitment les crimes et donnent la parole aux criminels dont la place est en prison. Parce qu’elles sont sans objet : ceux qui revendiquent la terre pour le Rwanda peuvent traverser la frontière et rentrer.
En revanche, nous proposons une réappropriation par le peuple de sa destinée grâce à une nouvelle approche basée sur la défiance politique ou la résistance populaire et non violente. On nous reprochera de precher la désobeissance civile, qu’à cela ne tienne. Nous aurons fait notre devoir de chrétiens. Les prophètes comme Amos n’auraient pas agi autrement.
D’ailleur John Rawls définit la desobeissance civile comme « un acte public, non-violent, décidé en conscience, mais politique, contraire à la loi et accompli le plus souvent pour amener un changement dans la loi ou bien dans la politique du gouvernement. En agissant ainsi, on s’adresse au sens de la justice de la majorité de la communauté. Cet acte politique réclame de ses acteurs une réflexion politique, une compétence politique autant qu’une conscience politique”[8]. Et Etienne Godinot d’ajouter: “La désobéissance civile est une "arme lourde" qui ne doit pas être utilisée... à la légère : aucune société ne peut se passer de règles et de lois pour organiser la vie des hommes vivant ensemble. Mais la loi n'est pas une règle définitive. Elle est la résultante de l'évolution des moeurs, des mentalités, des débats et des rapports de force démocratiques”[9]. Vrai pour la désobeissance civile, ça l’est aussi pour la Résistance populaire non violente.
Pour la Société de Juristes Catholiques du Congo
Thierry LAKUTU, Secrétaire Général
[1] Margaux Vulliot, Les soubassements ethiques et politiques des societies humaines a travers le temps et l’espace, SL, 2011, p 36
[2] Personne n’ignore les célèbres légendes de Brutus qui fut parmi les assassins de son père Cesar et d’Oedipe qui a tué son pere pour épouser sa mère. Beaucoup de dirigeants de la RDC incarnent ces personnages.
[3] Federico Mayor, Préface de De la dictature a la Démocratie de Gene Sharp, Paris, L’Harmattan 2009, p. 15.
[4] Nicolas Machiavel, Discours sur la premiere décade de Tite Live, cité par Gene Sharp, De la dictature a la Démocratie de Gene Sharp, Paris, L’Harmattan 2009, p. 45
[5] Leonard Mitudidi, Thomas Mukwidi et Abdoulaye Yerodia, Le pgramme du Conseil National de Libération, SL, Avril 1964
[6] Gene Sharp, De la Dictature à la Démocratie. Un cadre conceptuel pour la libération, Paris, L’Harmattan 2009
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